12 juillet 2011

Quand Charly rencontre Manille.

8 Juin 2011. Charles de Gaulle Airport, Paris
12 Juillet 2011. 20 St Augustine Street, Dela Costa Homes, Barangay Barangka, Marikina City 1803, Manila.

Voilà plus d’un mois que j’ai foulé pour la première fois le sol philippin. Voilà plus d’un mois que j’ai quitté la France, affronté les émouvantes séparations et fait une croix sur mon été, la baguette et le bon vin. Voilà plus d’un mois que j’ai commencé ma troisième année dans l’archipel aux 7000 îles et ceci n’est que le début d’une année qui s’annonce intense. Et après avoir lutté jusqu’au sang avec la bureaucratie kafkaïenne de l’opérateur internet local pour pouvoir surfer au fond de mon lit junior size, il me paraît plus que temps de commencer mon blog. Un bon vieux blogspot. Surement la meilleure option pour éviter d’écrire 400 fois le même message et de tomber dans le vice du copier-coller pour donner quelques nouvelles, mais aussi pour remplir mon devoir de fils envoyé au fin fond de l’Asie avec les économies familiales.
« Smiling Red Horse » ?! Une idée stupide sans aucun doute, mais pas d’inquiétude, le mal du pays ne m’a pas encore poussé vers les sports équestres et PoneyStar.fr, je réserve toutefois l’explication d’un tel nom aux (nombreux ?!) chanceux qui viendront me rendre visite pour boire des coups au sari-sari du coin et discuter avec les potes du quartier.

Voilà donc un mois que je suis arrivé à Manille. Après m’être posé cette question fatidique mais légitime : « Bordel de merde, qu’est ce que je fous là pour un an ? », je découvre avec excitation cette ville énorme et grouillante, mes premiers philippins, le climat chaud et moite et cette pollution qui n’arrive pas encore à masquer les publicités qui tapissent la ville. Malheureusement, cet étonnement des premières heures laisse rapidement place à un difficile retour à la réalité et aux obligations que doit remplir tout novice d’une année d’échange. Un passage obligé qui se résume en deux questions assez simples : Où vais-je dormir cette année ? et Comment vais-je survivre aux procédures administratives de l’université et autres duplicatas et formulaires B-46 à faire contresigner par une secrétaire frigide d’un obscur département au fin fond du campus ? Ces deux questions ont hanté ma première semaine. Et je peux maintenant affirmer avec fierté que j’ai vaincu les trop nombreux détours administratifs d’Ateneo et que j’ai signé un contrat pour le logement avec le meilleur rapport loyer-cadre de vie qu’on puisse trouver dans ce bas monde.

Pour ce qui concerne les cours, je m’en sors avec un emploi du temps… agréable et proportionné : cours mardi et jeudi avec un total de 12heures de cours. Easy. Pour le logement, j’ai tout d’abord hésité entre le quartier d’expat’ je-suis-blanc-et-j’ai-de-la-tune protégé par des gardes privés mais avec des colocs d’internationaux à l’auberge espagnole, et le quartier bien plus vivant, typique et agréable mais plus déconnecté de l’ambiance erasmus. Ca sera la seconde option et je n’ai pas à le regretter une seule seconde. Je suis désormais domicilié au 20 St Augustine Street, Dela Costa Homes, Barangay Barangka, Marikina City 1803, Manila (toute preuve de vie envoyée par voie postale est la bienvenue) dans une coloc de 3 français à exactement 4minutes du campus (malheureusement, tous nos braves camarades internationaux anglophones étaient déjà installés à mon arrivée, aucune préférence nationale ou dérive consanguine là dessous). Une petite maison bleue accrochée à la colline où on a la chance de vivre au rythme d’un quartier vivant et souriant, d’être réveillé par le coq insomniaque de la cour commune et où on rencontre les voisins aussi étonnants qu’un avocat défendant les droits de l’Homme, l’énigmatique M. Paru Paro (ou Brigitte (!) pour les initiés) ou le musicien maudit fumeur de weed. C’est selon l’envie. J’ai déjà mon surnom au tier-quar : pas de Carlichon, Castor, gros Zinc ou Carlito ici, les p’tiots me saluent par un amical Charles Nowitzki dans un brillant hommage à Dirk Nowitzki qui, apparemment, me ressemblerait (je maintiens que c’est le joueur de NBA qui me ressemblerait et pas l’inverse). Et oui, par fierté j’utilise le conditionnel puisqu’après avoir vérifié la tête de l’heureux élu, j’ai été obligé de revoir à la baisse mes espérances qu’en à mon apparence. Vérifiez par vous-même.

Je suis maintenant installé. Et mis à part les quelques détails à régler tels qu’internet ou notre frigo d’occasion qui décide de passer du côté obscur de la force en chauffant à petit feu nos légumes et notre poulet, il faut avouer que j’y suis plutôt bien. Une routine s’installe tout doucement et annonce une année agréable à jongler entre les cours d’intérêt et de difficulté variables, les fêtes nombreuses et arrosées avec les internationaux et les philippins, la découverte de Manille et les trips qui remplissent mes weekends.  

Le campus en lui-même est assez impressionnant. Loin du bon vieux 27 et du Basile où la pinte est définitivement trop chère, Ateneo de Manila University étale ses différents bâtiments sur un énorme campus boisé qu’il faut traverser en mototaxi ou, pour les plus privilégiés, à bord d’un 4x4 aux vitres teintées. Ça grouille, ça crie, ça danse, ça étudie, et le tout donne un endroit agréable où, entre les gardes omniprésents et les étudiants pressés, on peut siroter tranquillement un petit Mango Shake en relisant Sartre (ou pas…).




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